Cet artiste belge contemporain sans tabou questionne la société à travers des oeuvres audacieuses.
En passant rue Royale à Bruxelles, vous avez peut-être aperçu sur le toit du Palais des Beaux-Arts la tour gothique haute de 17 mètres réalisée par l’artiste belge Wim Delvoye, l’une des pièces maîtresses de son exposition « Knockin’on Heaven’s Door » qui se tient jusqu’au 23 janvier 2011 au Bozar.
L’artiste gantois né en 1965 à Wervik s’est fait connaître sur la scène internationale grâce à une série d’oeuvres souvent qualifiées d’ironiques et de provocantes. En 2000, Wim Delvoye présente à Anvers « Cloaca, la machine à caca ». L’installation représente le processus de digestion d’un être humain. La machine fait circuler les aliments, produit des excréments, qui sont ensuite emballés sous vide et marqués d’un logo qui pastiche ceux des grandes marques de consommation. L’installation et ses nouvelles versions feront le tour du monde. Il décore des bonbonnes de gaz dans le style des faïences de Delft.
En Chine, il développe une ferme où il tatoue de jeunes cochons sous anesthésie. Il attend leur mort naturelle et les naturalise, les transformant ainsi en oeuvres d’art : « les cochons tatoués ».
L’exposition de quelques-unes de ces oeuvres au Musée d’art moderne et contemporain de Nice en 2010 a provoqué l’indignation des défenseurs de la protection animale ! L’artiste est sans tabou.
Au Bozar, l’exposition de Wim Delvoye se concentre sur le gothique. L’artiste a étudié les édifices gothiques et néogothiques de manière approfondie et utilise les moyens technologiques les plus sophistiqués – Wim Delvoye travaille toujours avec des techniciens, des ingénieurs, pour mener à bien ses projets – pour créer de nouvelles architectures.
Cette tour néo-gothique en acier Corten a été découpée au laser. Elle est en fait une version agrandie de la tour qu’il avait exposée au musée Guggenheim à Venise en 2009 (il n’y avait alors que la flèche) puis au Musée Rodin à Paris en 2010 (la partie intermédiaire avait été ajoutée). Ainsi posée sur le toit du Bozar, elle dialogue avec la flèche gothique de l’Hôtel de Ville bruxellois, trait d’union entre le passé et le présent. L’expo présente aussi les « helixes christiques », dessins et sculptures en bronze de plusieurs Christs en croix torsadés, dotés d’un enchaînement d’helixes évoquant un fil barbelé.